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Le Haras et son histoire

par le groupe "Histoire" du quartier du Haras - 1991




Amis Viroflaysiens qui habitez le quartier du HARAS, savez-vous que vous vivez sur l'emplacement d'un haras renommé du 19ème siècle ? Destiné à la reproduction et à l'élevage des chevaux de course et de selle, il fut fondé par un officier de cavalerie, Nicolas-Joseph Rieussec, qui fut le maire de notre ville de 1819 à 1831.

Mais remontons quelque peu dans le temps. Entre la route de Sèvres à Versailles ( RN 10 ) et le chemin de Chaville ( Avenue Gaston Boissier ) s'étendaient de vastes prairies accidentées, traversées par un ruisseau, la "Fontaine des Joncs" qui descendait depuis Chaville jusqu'au Ru Marivel ( sous l'avenue du Parc ) C'étaient le Parc aux vaches et le Pré Janet, consacrés à l'élevage des bovins.

En 1665, le Chancelier LE TELLIER acquiert le Parc aux Vaches, l'entoure d'un mur (encore visible partiellement à l'est de la rue des Fleurs ) et le conserve en pâtures. Des abreuvoirs sont aménagés, alimentés par de grosses canalisations qui amènent l'eau des étangs de la vallée d'Ursine. De cette époque subsistent encore trois anciennes écuries avec grenier à foin, au n° 1 avenue Pierre Grenier, au n° 36 rue Le Sabazec et au n° 37 rue Amédée Dailly. Le logement du gardien existe toujours au n° 41 rue Amédée Dailly ( on y accède par le passage du Haras ).

En 1695, la veuve du Chancelier vend la totalité de ses terres à Louis XIV. Devenu domaine royal, le Parc aux Vaches est alors consacré à la chasse.

L'élevage des chevaux y remonte à 1775, époque à laquelle Louis XVI loue une partie du Parc aux Vaches ( 27 arpents soit 14 ha ) à la Grande Ecurie de Versailles : c'est le début du Haras de Viroflay.

Ce haras royal, vendu au titre de bien national en 1792 au Sieur Feuillet, est alors détruit, et les habitants de Viroflay ne souhaitent certes pas le voir se reconstituer, les herbages immobilisant une part trop importante des surfaces cultivables.

Rieussec

Le Haras est à l'abandon depuis vingt ans lorsque Rieussec l'acquiert en 1812 : abreuvoirs à sec, canalisations pleines de limon, ... Fort de l'expérience réussie de son haras de Buc, Rieussec fait rechercher les sources, met en état les conduites souterraines, établit des abreuvoirs. Les herbages sont reconstitués, séparés par des haies vives et des clôtures, cependant que les bâtiments d'exploitation ( abris, écuries, granges à fourrage ) sont reconstruits.

En 1820, Louis XVIII remet à Rieussec une médaille d'or en récompense de sa ténacité. Rieussec part en Angleterre s'initier aux méthodes pratiques de l'élevage du cheval ( au Haras du duc d'York notamment ). Il ramène à Viroflay un personnel qualifié ( Jacques Palmer, directeur du Haras jusqu'en 1827 ), ainsi qu'un étalon, cinq juments de pur-sang et cinq juments de demi-sang. Il faut savoir que Colbert et Napoléon 1er avaient interdit l'importation de chevaux étrangers. Or les Anglais avaient créé au 18ème siècle une race de chevaux de course, grâce à des croisements alliant la haute taille et l'endurance britannique à la beauté et la rapidité des chevaux arabes. Les Français appelèrent cette race "pur-sang".

Aidé par d'importants subsides du gouvernement, Rieussec acquiert également des juments françaises. La réputation du Haras de Viroflay s'étend rapiddement quand on apprend que les équipages de selle du Roi se fournissent régulièrement en produits issus de ses élevages. Le Chef des Ecuries se voit confier la formation de nombreux élèves. En 1833, Rieussec prend une part active à la fondation de la Société d'encouragement pour l'amélioration des races de chevaux en France et du "Jockey Club" ( Prix Rieussec ).

Mais en 1835, Rieussec connaît une fin tragique dans l'explosion de la "machine infernale" lancée par le conspirateur Fieschi sur le passage du Roi Louis-Philippe et de son fils. Ces derniers ne sont pas atteints mais il y a dix-huit victimes. L'essor du Haras va s'interrompre brutalement. Racheté en 1836 par Madame veuve Cazalot, fille de Rieussec, il est partiellement vendu le 18 Septembre 1838 à la Compagnie de Chemin de Fer de Paris à Meudon, Sèvres et Versailles afin de permettre le passage de la voie et le tracé d'un chemin qui doit longer le Haras ( actuelle "Sente du Haras" ).

Denis Vaudron, aubergiste, est remplacé en 1855 à la mairie de Viroflay par Amédée Dailly, propriétaire de Bon Repos et maître de la Poste aux Chevaux à Versailles. Comme il est excellent administrateur, Viroflay connaît un certain essor sous les seize années de son mandat.


Le Duc de Morny

Passionné de chevaux, le Duc de Morny ( demi-frère de Napoléon III ) prend possession du Haras en 1855, s'intéressant à l'élevage des pur-sang. A la différence de Rieussec qui ne pratiqua que l'élevage, de Morny fait courir ses chevaux dans le Haras. Dès lors, de nombreux concours sont organisés à Viroflay, et la célébrité de ces réunions élégantes attire bientôt toute l'aristocratie de l'époque.

De Morny apprécie tout particulièrement le calme de notre village. Il fait niveller et paver la rue de la Grâce de Dieu ( rue Amédée Dailly ) pour 11 500 francs-or, et transforme le modeste pavillon de bois qui complète les installations du Haras en une fort belle résidence, construite en meulière, qui prend le nom de "Grand Chalet".

A la mort de son mari en 1865, la Duchesse, conservant la maison et son jardin, vend les terres du Haras au baron Malouet pour la somme de 135 000 francs, et une partie des 140 chevaux du Haras à la société hippique de Chantilly. Par ailleurs, le Ru Marivel est recouvert en 1865.

Dès le début de la guerre de 1870 ( Viroflay fut occupé par les Prussiens de Septembre 1870 à Mars 1871 ), le maire Amédée Dailly abandonna Viroflay pour se réfugier à Jersey. Le secrétaire de mairie, Charlemagne Leclerc, assura la continuité, jusqu'à la désignation, le 15 Mai 1871, de Gabriel Alix comme maire.

En 1916, les prés du Haras sont réquisitionnés pour recevoir les troupeaux des services de l'Armée. En 1927, la municipalité acquiert le "Grand Chalet" afin d'y installer l'Hôtel de Ville. Les quelques travaux entrepris modifient peu de choses à l'habitation conçue par le Duc. Et c'est autour de 1930 que s'accélère le lotissement en pavillons de votre quartier.


Bibliographie :

- Viroflay en Yvelines
- Archives Municipales - Mme Hélène de Gisors
- Journal Notre-Dame du Chêne - Avril 1991


par le groupe "Histoire" du quartier du Haras - 1991

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